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20 ans du Traité interdisant les mines antipersonnel

International

Petra Schroeter, directrice de Handicap International Suisse, s'exprimait le 4 décembre dernier, à l'occasion des 20 ans du Traité d'Ottawa, sur la place des Nations à Genève. Voici son discours.

Vernissage de l'exposition des 20 ans d'Ottawa

Vernissage de l'exposition des 20 ans d'Ottawa | (c) Rebecca Bowring

Excellences,
Distingués Délégués,
Mesdames et Messieurs,

Nous commémorons aujourd'hui les 20 ans de l'adoption du Traité interdisant les mines antipersonnel. Aux quatre coins du monde, de nombreux événements ont été organisés ces derniers jours afin de nous rappeler ce tournant historique.

Le Centre de déminage humanitaire de Genève, l'Unité d'appui à l'application de la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel ainsi que Handicap International ont souhaité commémorer les 20 ans de leur partenariat dans la lutte contre les souffrances causées par les mines antipersonnel et dans leurs efforts pour un monde sans mines à travers cette exposition publique que nous avons l'honneur d’inaugurer devant vous aujourd'hui. Merci d'être parmi nous! Je souhaitais également profiter de cette opportunité pour remercier tous ceux sans qui cette exposition n'aurait pu voir le jour, en particulier la Ville de Genève, qui a autorisé notre rassemblement ici, sur la Place des Nations.

Permettez-moi un voyage dans le temps, 5 ans avant la signature du Traité, en 1992, année décisive dans l'histoire de cet accord.

Le recours aux mines antipersonnel était chose courante depuis la Seconde Guerre mondiale. Dans les années 70, elles s'étaient imposées comme des armes offensives utilisées dans un but précis: terroriser les populations. Les 100 millions de mines enterrées dans le monde représentaient une véritable tragédie pour l'humanité. Différentes organisations apportaient déjà leur aide aux victimes, à l'image de Handicap International à partir de 1982. Mais seule une infime partie des survivants pouvaient bénéficier de ce soutien. Et des prothèses ne suffisaient pas à soulager les victimes de leur souffrance.

Alors, comment arrêter ce massacre? Comment mettre un terme à l'utilisation de ces armes de lâches? Car les mines sont de par leur nature des armes de lâches. Leur charge explosive est à la fois déclenchée par leur victime et destinée à leur arracher les jambes...

La seule manière de protéger les civils, principales cibles de ces armes, était d'imposer une interdiction totale. Un objectif qui tenait de la véritable utopie pour l'époque, mais que s'était tout de même fixé Handicap International avec 5 autres ONG dans le cadre d'une campagne lancée il y a maintenant 25 ans, en 1992: la Campagne internationale pour l'interdiction des mines antipersonnel (ICBL). Depuis, plus de 1'000 organisations ont rejoint les 6 membres fondateurs afin de promouvoir cette cause main dans la main avec les gouvernements et les Nations Unies, et de mobiliser l'opinion publique et le soutien des médias. Il est rapidement apparu que les réseaux existants destinés à faire respecter le droit humanitaire international n'étaient pas à même de résister aux pressions exercées par les États qui souhaitaient faire front à l'interdiction.

Face à ce constat, les organisations de l'ICBL et des États solidaires ont initié un processus de négociation sans précédent, qui a débouché, 5 ans plus tard, sur la signature du Traité d'Ottawa, interdisant la production, le stockage, la vente et l'usage des mines antipersonnel. Pour la première fois dans l'histoire du désarmement, une arme conventionnelle était interdite. Une victoire éclatante. Cela constituait en outre une première étape vers l'aide aux victimes et aux survivants. En octobre 1967, un Prix Nobel récompensait la détermination dont avait fait preuve la Campagne internationale pour l'interdiction des mines antipersonnel dans l'instauration d'une Convention.

Depuis, un chemin important a été parcouru en direction de son application:

  • Près de 80% des États à travers le monde ont ratifié le Traité;
  • 28 États et 1 territoire ont été intégralement débarrassés de leurs mines, notamment les pays les plus touchés, comme le Mozambique.

Le recours aux mines antipersonnel est aujourd'hui largement stigmatisé à l'échelle internationale, ce qui a permis de sauver de nombreuses vies. Vous en découvrirez davantage sur ces victoires dans l'exposition.

Cependant, même si des progrès sensibles ont été accomplis, il reste encore beaucoup à faire: jusqu'à ce que la terre soit débarrassée de la dernière mine antipersonnel, celles-ci continueront à mettre en péril les moyens de subsistance, provoquant ainsi des crises humanitaires et freinant le développement des pays concernés. Car même des décennies après un conflit, les mines continuent à mutiler et tuer. L'aide aux survivants, à leurs familles, mais aussi plus généralement aux civils des régions minées devra encore être assurée de nombreuses années.

En outre, nous nous trouvons depuis 2014 face à une situation alarmante: le nombre de personnes touchées a de nouveau augmenté après 15 ans de diminution progressive. Le rapport 2016 de l'Observatoire des mines révèle que le nombre de nouvelles victimes a fait un bond de 75% entre 2014 et 2015.

L'Observatoire a également enregistré le nombre le plus important de victimes de mines artisanales depuis la publication de son premier rapport en 2000. Les mines artisanales sont instables et très difficiles à éliminer, ce qui a évidemment de lourdes conséquences pour la protection des civils et les interventions humanitaires. De nouveaux défis se présentent donc à nous.

Après 20 ans, nous avons de nombreux accomplissements à célébrer. Mais nous nous devons de maintenir notre mobilisation et de nous assurer que les obligations relatives au Traité d'interdiction des mines antipersonnel sont bien respectées. Nous avons ici même à Genève de quoi nous rappeler au quotidien que nous devons rester vigilants: la Broken Chair! Un joyeux anniversaire à cette œuvre d’art monumentale de Daniel Berset, érigée il y a 20 ans par Handicap International sur la Place des Nations.

Merci pour votre attention, je vous souhaite une visite enrichissante!

Petra Schroeter, directrice de Handicap International Suisse

Petra Schroeter, directrice de Handicap International Suisse (c) Rebecca Bowring

Published on: 12 décembre 2017
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