Au Darfour, la vie des personnes handicapées est plus menacée que jamais
Après deux ans et demi de conflit dévastateur, le Soudan traverse la plus grande crise humanitaire au monde, selon les Nations unies. Depuis le siège prolongé de El-Fasher, la région du Darfour connaît une escalade de la violence est une détérioration rapide de la situation humanitaire. Des milliers de personnes, notamment des civils et des travailleurs humanitaires sont plongés dans un climat de terreur. Les personnes handicapées et les populations les plus vulnérables sont confrontées à un risque encore plus extrême – des rapports font notamment état de personnes handicapées exécutées, parce qu'elles étaient incapables de fuir. Handicap International est alarmée par cette situation et dénonce les graves violations du Droit international humanitaire.
Khaleel Ishaq Yousef est originaire d’El-Geneina, dans la région du Darfour au Soudan, il y a perdu une jambe pendant le conflit. Il vit maintenant dans le camp de réfugiés de Farchana, au Tchad. | © T. Nicholson / HI
« Ce déferlement de violence est insupportable et touche particulièrement les personnes les plus vulnérables, notamment celles avec un handicap. Ne dit-on pas que personne ne doit être laissé pour compte ? Comme toujours, les conséquences de ces conflits impliquent de graves risques liés au développement de handicaps dus aux blessures de guerre qui, si elles ne sont pas prises en charge rapidement, conduisent à des handicaps permanents. Il existe des besoins immenses en matière de réadaptation physique, de protection et de soins en santé mentale pour faire face aux traumatismes. Il est essentiel que l’aide humanitaire soit acheminée sans entrave vers les populations qui en ont besoin », déclare Vincent Dalonneau, Directeur de Handicap International Soudan.
La détérioration de la situation humanitaire dans la région
Handicap International est alarmée par l'escalade de la violence et la détérioration rapide de la situation humanitaire dans la région, après deux ans et demi de conflit dévastateur et le siège prolongé de El-Fasher, la capitale du Darfour-Nord.
Des rapports de sources fiables, notamment les Nations unies [1] font état d’exécutions massives qui plongent dans la terreur et l’insécurité de centaines de milliers de personnes, notamment des civils et des travailleurs humanitaires. Des infrastructures civiles telles que des habitations, hôpitaux et marchés ont été détruits. Les stocks d’aide médicale sont épuisés et l’accès à l’aide humanitaire est fortement limité.
Les personnes handicapées et les populations vulnérables particulièrement touchées
De fait, les personnes handicapées et les populations les plus vulnérables, notamment les femmes, les enfants et les personnes âgées, sont désormais confrontées à des risques extrêmes : des rapports font état de personnes handicapées exécutées parce qu'elles étaient incapables de fuir. D'après le rapport des besoins humanitaires au Soudan et plan de réponse 2025, les personnes handicapées représentent approximativement 15% de la population nécessitant une aide humanitaire, soit environ 4,6 millions de personnes.
Dans les zones affectées par le conflit au Soudan, cette proportion est probablement bien plus élevée dans la mesure où la prévalence de handicap augmente de façon significative pendant et après les conflits. Les handicaps à long terme sont notamment liés à la malnutrition, exacerbée par les déplacements massifs de population, l'effondrement des systèmes de santé et l'accès très limité aux services essentiels et aux besoins fondamentaux tels que la nourriture, le carburant et l'eau.
Le Droit international humanitaire doit être réaffirmé
Handicap International reconnaît l'impact disproportionné de la violence à l’égard des personnes handicapées. L’ONG appelle les agences des Nations unies et toutes les parties-prenantes impliquées à œuvrer pour la mise en œuvre intégrale des cadres relatifs aux droits humains, notamment la Convention relative aux droits des personnes handicapées, et à réaffirmer la mise en œuvre des engagements pris dans les Directives et la charte du comité permanent inter-institutions (IASC) sur l'inclusion des personnes handicapées dans l'action humanitaire.
Handicap International appelle également tous les partenaires de mise en œuvre à intégrer le handicap dans leurs programmes.
Handicap International condamne fermement les graves violations du Droit international humanitaire et rappelle l'obligation qui incombe aux parties au conflit, en vertu de l'article 3 des Conventions de Genève, de protéger les personnes qui ne participent pas aux hostilités. L’ONG appelle aussi toutes les parties à prendre les mesures suivantes :
- Prendre toutes les mesures pour protéger les civils et les infrastructures civiles ;
- Garantir les mouvements en toute sécurité et sans entrave des civils qui souhaitent quitter El-Fasher ;
- Permettre un accès sûr et sans entrave aux acteurs humanitaires dans toutes les zones, les opérations humanitaires doivent être immédiates et durables ;
- Cesser immédiatement les attaques contre les travailleurs humanitaires et veiller, par des garanties et une surveillance appropriée, à ce que les travailleurs humanitaires ne soient pas arrêtés ou détenus pour avoir fourni des services humanitaires.
[1] :
- RSF Ethnic-Based killings in Fasher Estimated at 7000 (3/11/2025)
- Tens of thousands fleeing on foot amid atrocities in Sudan’s El Fasher | UN News (31/10/2025)
- Sudan: Concerned about the plight of civilians in El Fasher, UN Experts urge immediate protection measures and an end to impunity | OHCHR (30/10/2025)
Contactez-nous
Relations presse
Nadia Ben Said
Responsable Relations Médias
(FR/ALL/EN)
Tél : +41 22 710 93 36
[email protected]
