Handicap International et Gniep Smoeun, victime d’une mine, lancent un appel aux Etats pour faire reculer le gouvernement Trump
Ce jeudi 13 février 2020 à Genève, sous Broken Chair, monument symbole de la barbarie des mines, Handicap International et Gniep Smoeun ont appelé les Etats signataires du Traité d’Ottawa à user de toute leur influence pour que les USA reviennent sur leur révoltante décision de réintroduire les mines.
Gniep Smoeun et Marco Kirschbaum sur la place des Nations | (c) Basile Barbey / HI
« J’avais dix ans quand j’ai sauté sur une mine antipersonnel au Cambodge. Cette mine m’a tout pris : ma jambe, mes rêves d’enfant ». C’est en ces termes que Gniep Smoeun s’est adressée ce jeudi au public face au palais des Nations à Genève. Porte-voix du combat contre cette arme, elle a été l’un des premiers enfants appareillés par Handicap International (HI), dans le camp de Kao I Dang situé à la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande.
« Au nom de toutes les victimes de mines dans le monde, j’appelle à un sursaut de la communauté internationale pour faire reculer l’administration Trump et demander l’abandon de cette politique qui va semer la mort et la souffrance. »
Signez notre pétition pour que le Président Trump abandonne sa politique en matière de mines !
Le retour possible d’une arme barbare d’un autre temps
Présentée aujourd’hui par le gouvernement Trump comme « un outil important », c’est pourtant bien d’une arme d’un autre temps dont il est question. En 1997, l’adoption du traité contre les mines avait marqué une véritable victoire contre ces armes qui tuent à l’aveugle.
« Nous croyions avoir presque gagné avec la signature du Traité d’Ottawa, puis la réduction drastique année après année du nombre de victimes. Après tous ces efforts, les mines étaient vraiment devenues « hors-la-loi », mais aujourd’hui tout ceci est remis en cause ! » poursuit Gniep Smoeun.
Cette décision du gouvernement américain raisonne comme un coup de tonnerre pour les milliers de victimes et les centaines d’ONG qui, comme HI, ont milité pour l’interdiction de cette arme. Les États-Unis étaient l'un des rares pays à ne pas avoir encore adhéré au Traité d'interdiction des mines. Cependant, depuis près de 30 ans, le pays s'abstenait de les utiliser ou de les commercialiser.
Le danger que le commerce des mines soit relancé
Parmi les 6’897 victimes dénombrées en 2018, seuls 332 personnes ont été victimes de mines dites conventionnelles. Les autres victimes dénombrées ont été blessées ou tuées par des mines de fabrication « artisanales ».
« Le marché était tari, les mines n’étaient plus commercialisées. Avec leurs nouvelles mines dites « intelligentes », le gouvernement Trump prend une décision irresponsable qui pourrait faire repartir le marché de ces armes de lâches et toucher de nouvelles victimes » explique Emmanuel Sauvage, responsable de réduction de la violence armée de HI.
HI et Gniep Smoeun appellent aujourd’hui les Etats signataires du Traité d’Ottawa à peser de tout leur poids pour faire reculer le gouvernement Trump. Leur appel est lancé à l’occasion de la 23ème réunion internationale des directeurs de programmes nationaux de lutte contre les mines qui se déroule cette semaine au palais des Nations à Genève.
Le Traité d’Ottawa interdit l'acquisition, la production, le stockage et l'utilisation des mines antipersonnel. Il a été ouvert à signature le 3 décembre 1997et est entré en vigueur le 1er mars 1999. 164 États sont partis au Traité soit 80% des nations du monde. Le nombre annuel de victimes recensées a été divisé par 10 en 15 ans. 30’000 victimes étaient déplorées au début des années 1990, tandis qu’elles étaient 6’897 en 2018. Depuis l’entrée en vigueur du traité en 1999, au moins 2’200 km² de terres minées ont été dépolluées et 54 millions de mines stockées par les États ont été détruites. 60 états et territoires sont toujours contaminés par les mines et les restes explosifs de guerre. Depuis 2014, la multiplication des conflits voit l’utilisation de mines augmenter.
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